En février 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu, après avoir analysé plus de 900 études à travers le monde, les bienfaits de l’art sur la santé. Initiées au Québec en 2018 par le musée des beaux-arts de Montréal, les prescriptions muséales se positionnent comme un apport complémentaire remarquable pour agir sur la santé mentale des personnes vulnérables. Garanti sans effet secondaire, le même projet a été transposé en essai à Bruxelles plus récemment. En quoi les prescriptions muséales se mettent au service de la santé mentale ? De quelle manière ces projets ont-ils pris forme à Montréal puis à Bruxelles ? Nous vous disons tout !

Les bénéfices des oeuvres d’art sur la santé

L’art possède des vertus thérapeutiques, dont celles de réduire le stress et d’améliorer la confiance en soi. De plus en plus d’études démontrent que le contact avec les œuvres d’art a un réel impact biologique sur la santé mentale. Ainsi, les chercheurs de l’University College de Londres ont montré que les visites culturelles réduisent les risques de dépression au cours de la vie. Les résultats de cette enquête ont été publiés dans le British Journal of Psychiatry en 2018.

Contempler une œuvre d’art active les circuits des émotions et stimulent les sécrétions de cortisol et de sérotonine. Ces deux hormones contribuent au bien-être en apaisant la souffrance et l’anxiété. Ainsi, l’art provoque des effets directs sur notre cerveau et procure de l’empathie. Deux composantes des œuvres d’art, que sont les couleurs et la lumière, agissent également sur les perceptions sensorielles et régulent certaines hormones.

L’institution muséale semble donc pouvoir figurer parmi l’arsenal thérapeutique proposé aux patients et peut participer au processus de guérison.

L’art sur ordonnance au musée des beaux-arts de Montréal

Pionnier dans le domaine du mieux-être par les arts, le musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) est en mesure de proposer un accueil spécifique à ce public particulier, qui peut être accompagné par des membres de leur entourage ou des soignants. En application depuis le 1er novembre 2018, le projet a notamment été porté par Nathalie Bondil, à l’époque directrice générale et conservatrice en chef du MBAM. Une nécessaire collaboration s’est faite avec le monde médical par le biais de l’association des Médecins francophones du Canada (MFDC), dont Hélène Boyer assure désormais la présidence.

En s’inscrivant avec des universités dans une dizaine de projets de recherche destinés à mesurer scientifiquement les effets de l’art sur la santé, le MBAM peut se targuer d’être un véritable laboratoire de recherche. Le musée compte même un art-thérapeute à temps complet, une première !

En pratique, les médecins membres de cette association sont autorisés à prescrire jusqu’à 50 visites par an à leurs patients souffrant de dépression, de diabète ou d’une autre maladie chronique.

Prescriptions de visites au musée à Bruxelles

Inspirée du projet québécois, Delphine Habrou, échevine (élue) à la Culture à la ville de Bruxelles, a impulsé la transposition de cette action innovante québécoise. Souhaitant placer la santé mentale au cœur du débat de société, la Ville de Bruxelles a soutenu le projet. Delphine Habrou ayant également été présidente de l’hôpital public Brugmann, l’un des plus grands hôpitaux publics de la capitale belge, la collaboration avec le service de psychiatrie s’est faite naturellement.

Un essai pilote de 3 mois a donc eu lieu à partir de septembre 2021 dans 5 musées publics bruxellois : musées de la Ville, de la Mode et de la Dentelle, des Égouts, la Garde-robe Manneken-Pis et la Centrale d’art contemporain. Les visites accompagnées ont à la fois été prescrites de manière individuelle pour des patients de l’hôpital Brugmann mais aussi collective pour des groupes de patients de la Clinique du stress (rattachée au même groupe hospitalier).

Ce projet pilote a fait l’objet d’une étude scientifique. Selon les résultats, pas encore publiés à ce jour, une collaboration élargie avec d’autres musées fédéraux et régionaux pourrait voir le jour, toujours en partenariat avec des établissements et services liés à la santé.

De la même façon que sont prescrits des médicaments ou des séances d’activités physiques adaptées, les ordonnances de visite au musée sauront certainement trouver un écho positif dans d’autres villes et peut-être influencer les politiques de santé.

Pour aller plus loin :

Article mis à jour le 12/08/22