La Maison des Femmes est une structure, basée en Seine-Saint-Denis, qui propose un accompagnement aux femmes victimes de violence. La singularité de ce modèle, unique et précurseur, lui confère un rayonnement par le biais de son association éponyme. Qualifiée de refuge pour femmes en détresse dans le territoire qu’elle englobe, cette structure ne cesse de croître depuis sa création en 2016.

Une femme à l’origine du projet

Ce lieu d’accueil pour les femmes victimes de violence a été imaginé par le Dr Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne. C’est sa riche carrière de plus de 40 années et sa connaissance de la détresse des femmes qui a conduit cette militante de la cause de la santé féminine à s’investir pour ce projet. 

La démarche n’a pas été de tout repos pour obtenir des soutiens, des levées de fonds, trouver des collaborateurs d’horizons variés…Inaugurée en 2016, l’unité de soins « La Maison des femmes » est implantée à proximité de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), auquel elle est rattachée. Elle répond à des difficultés et des besoins que connaissent un nombre important de femmes aujourd’hui.

Un lieu transversal au service des femmes violentées

L’ensemble des corps de métiers pouvant venir en aide et accompagner les femmes victimes de violence se trouve dans ces locaux. Ce lieu autorise un travail en réseau qui évite toute perte d’informations liée à une communication morcelée.

Santé

Bien sûr, il s’agit de concentrer les professionnels intervenant pour la santé dans un objectif de réalisation d’examens, de soins, d’écoute et de soutien. Ainsi, médecins, psychologues, infirmières, aides soignantes, psychiatres… se relaient auprès de ces femmes.

Se reconstruire fait également partie des étapes nécessaires à une prise en charge complète. C’est dans cette perspective qu’ont été conçus une douzaine d’ateliers d’approche psycho-corporelle dans le but de travailler et d’améliorer l’estime de soi : danse, jardinage, ateliers beauté, théâtre, musique…

Juridique

Coordonner le parcours juridique, avec soutien et bienveillance, est primordial et représente une partie capitale de l’accompagnement. En effet, c’est bien souvent un long parcours du combattant qui s’instaure avec des démarches souvent complexes, dans un contexte psychologiquement difficile pour ces femmes.

Trop souvent tiraillées entre la peur et la culpabilité, elles n’osent pas franchir le pas du judiciaire alors même que la loi prévoit désormais des aspects plus clairs sur ces sujets.  

Le déploiement d’un lieu hors du commun

Face à un afflux constant de femmes, une extension architecturale a vu le jour en 2021, autorisant le déploiement d’autres unités dédiées, en plus de l’unité Violences.

C’est ainsi qu’une unité dédiée aux mutilations sexuelles féminines a été créée. Les femmes victimes d’excision peuvent y trouver un endroit où être accompagnées sur les aspects psychiques traumatisants de cette pratique, et propose également un parcours de soins opératoire réalisé sur place.

L’unité Planification Familiale permet la prise en charge et la réalisation d’IVG (Interruptions Volontaires de Grossesse) chirurgicales sur site évitant, là encore, un éparpillement de la prise en charge.

L’unité CORALIS est le plus récent des dispositifs mis en place à la Maison des Femmes. Ouverte en 2022, elle offre un accueil permettant aux victimes d’agressions sexuelles de faire constater les blessures, apporter des éléments de preuves en vue d’un éventuel dépôt de plainte auprès de professionnels spécialisés se relayant 24/24.

Communiquer au-delà des murs de la Maison des Femmes 

L’association éponyme a pour vocation d’intervenir auprès d’un large public pour communiquer sur ce sujet encore trop souvent tabou et délicat d’abord. Ainsi, la formation et l’accompagnement des professionnels, encore trop peu sensibilisés au repérage et à l’orientation de ces femmes, constitue un aspect de haute importance. Mais c’est également auprès des jeunes, dans les établissements scolaires et même désormais sur place au sein des locaux de la Maison des femmes, qu’il faut intervenir et informer.

Ce projet a déjà fait des émules et de nombreuses demandes affluent pour pouvoir s’inspirer de ce projet complet et dédié à une cause hélas d’actualité. De nombreux territoires manquent encore de coordination et le modèle de la Maison des Femmes devrait pouvoir faciliter l’essaimage et la mise en œuvre d’autres projets, en France comme à l’étranger.

Article mis à jour le 14/11/22